lundi 9 octobre 2006
Un matin de spleen
Envoyé par la Priscieuse :
« Votre pied droit est-il intelligent?
Ce qui suit est tellement drôle que ça met au défi toute compréhension.
Et je suis prêt à gager que vous essayerez au moins 50 fois pour voir si vous êtes capable de déjouer votre pied. Mais vous ne pourrez pas! Essayez.
1. Alors que vous êtes assis à votre bureau, levez votre pied droit du plancher et faites lui faire des cercles dans le sens des aiguilles d'une horloge.
2. Pendant que vous faites des cercles avec votre pied droit, dessinez le chiffre 6, dans les airs, avec votre main droite (en commençant par le haut). Votre pied change de direction! »
Fascinant.
***
Je profite de l’occasion pour vous mettre au parfum. Depuis le 3 septembre, j’habite dans un nouvel appartement en compagnie d’Akuma Wolf. C’est un grand quatre et demi, assez moderne. L’insonorisation semble efficace, puisque nous n’entendons pratiquement jamais les voisins et eux ne se sont jamais plaints de notre bruit. Le bloc est situé tout juste à côté de l’autoroute Henry IV, mais un talus verdoyant soutenant de nombreux feuillus la cache. La rumeur de la circulation nous paraît presque être le courant d’un cours d’eau. Assis à mon bureau d’ordinateur, dans ma chambre, je ne vois par ma fenêtre que le ciel, des arbres, le talus vert, quelques immeubles résidentiels au loin et un panneau montrant la tête d’un chien ornée du symbole d’interdiction.
C’est très tranquille ici. Lorsque je suis seul à l’appartement, ou lorsque Akuma Wolf dort encore, comme ce matin, je n’entends que le ventilateur de mon ordinateur et les touches de mon clavier. Ma chambre est assez grande et le blanc de mes murs, jusqu’à présent nus, réfléchit une lumière ennuyante.
L’appartement a beau être plus petit que mon ancien logis, le fait de n’être que deux à y habiter rend tout espace de rangement quatre fois plus grand. Nos armoires, nombreuses, sont quasiment vides. J’ai parfois le goût d’aller acheter toutes sortes de trucs inutiles simplement pour pouvoir les remplir.
Je suis chez moi, mais je ne me suis pas encore approprié les lieux.
Je travaille présentement dans une école secondaire comme enseignant de français pour trois groupes de cinquième secondaire et un groupe de quatrième secondaire. Je remplace une enseignante en congé pour cause de maladie. Elle devrait être de retour le 27 novembre, mais il n’y a rien de sûr. Je pourrais être appelé à continuer jusqu’à Noël. Les élèves à qui j’enseigne sont, pour la plupart, assez gentils. Si je devais leur apposer une quelconque étiquette négative, ce serait peut-être la paresse de certains, mais puisque ce sont des cas isolés, je n’en fais pas de cas. Certains groupes fonctionnent mieux que d’autres. C’est normal. Pour ce qui est de mon enseignement, je me trouve très ordinaire et plate. Mes cours ne sont pas suffisamment préparés et je ne sais pas trop où je m’en vais. J’essaie tant bien que mal de suivre le programme de l’enseignante en convalescence. Je n’ai pas encore pris le contrôle de ma tâche. Ne me demandez pas si j’aime ce que je fais, je serais embêté de vous répondre.
Je suis enseignant, mais je ne me suis pas encore approprié la profession.
Cette nouvelle vie chamboule mes habitudes. Moi qui n’avais presque aucune responsabilité il y a deux mois, je me retrouve à devoir me coucher tôt la semaine pour être en forme le lendemain. De toute façon, je suis trop fatigué pour rester debout. J’ai l’impression de retourner en arrière, à l’époque où j’avais une copine et une vie rangée. Je n’ai plus l’énergie pour sortir et j’ai davantage le goût de redevenir sédentaire, plus tranquille. Je me sens « mononcle ». Je sors encore, je vais à des fêtes, je prends de l’alcool, je ris… mais j’ai l’impression de tout faire à moitié.
Je suis un adulte, et je n’aime pas ça.
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